Black-out du 28 avril en Espagne : le rapport officiel innocente les énergies renouvelables
Le gouvernement espagnol vient de publier de nouvelles informations sur les circonstances des pannes de courant survenues dans la région ibérique le 28 avril. Les énergies renouvelables ont été écartées des causes responsables du black-out, contrairement à ce qui avait pu être rapporté. Dans ce communiqué, le gouvernement désigne l’opérateur du réseau électrique Red Eléctrica ainsi que les grands producteurs d’électricité comme responsables.
La ministre Sara Aagesen a déclaré lors d’un point presse que la panne était due à un manque de planification, un défaut d’anticipation et des erreurs dans la gestion de la tension de la part des entreprises.
Sara Aagesen
Le gouvernement espagnol disposait de trois mois pour notifier à Bruxelles les causes de la panne, son impact et les pistes d’amélioration possibles. Le Réseau européen des gestionnaires de réseau de transport d’électricité (ENTSO-E) a maintenant jusqu’à fin octobre pour publier un rapport plus complet.
« Nous le disons depuis des années : il est nécessaire d’investir dans les réseaux électriques pour développer une énergie solaire abordable et abondante. Les réseaux électriques traditionnels doivent être modernisés avec de nouveaux systèmes de contrôle de la tension, des onduleurs de formation de réseau et des batteries de stockage. L’Espagne a tardé à agir sur ce point. Lors de la COP29 à Bakou, la communauté internationale s’est engagée à construire 25 millions de kilomètres de nouveaux réseaux et 1,5 térawatt, soit une multiplication par six de la capacité de stockage. C’est ce que nous devons faire de toute urgence », a réagi Sonia Dunlop, présidente du Global Solar Council.
« Le développement des énergies renouvelables est essentiel pour accroître la compétitivité, et les marchés le prouvent déjà. Parallèlement, comme l’a montré la panne d’électricité en Ibérie, soutenir cette croissance nécessite de concentrer les investissements sur le renforcement et l’intelligibilité du réseau, le dimensionnement approprié des réserves de fréquence et l’extension des capacités de stockage d’énergie. Si les récents défis rencontrés en Espagne soulignent la nécessité d’une gestion plus intelligente du réseau, c’est précisément ce type de problèmes que nous devons investir pour résoudre à mesure que la transition énergétique s’accélère. Les bénéfices à long terme dépassent largement les obstacles », a ajouté Jonathan Bruegel, Analyste du secteur de l’énergie, Europe, IEEFA.
« Bien que nous n’ayons pas encore pris connaissance du rapport complet, il ressort clairement des déclarations du ministre aujourd’hui que l’énergie propre n’est pas responsable de la panne d’électricité massive survenue en Espagne le 28 avril. Il s’agit plutôt d’une défaillance de la gestion du réseau, et certaines centrales électriques ne fonctionnaient apparemment pas au moment opportun. Le ministre Aagesen a raison : les solutions résident dans une meilleure interconnexion avec le reste de l’Europe et dans des plans d’intervention d’urgence correctement appliqués, afin de contrôler le transport et la distribution d’électricité », a commenté, pour sa part, Bram Claeys, conseiller principal en charge de l’énergie, RAP.
« L’Espagne et le Portugal sont des leaders dans l’adoption des énergies renouvelables et en récoltent les fruits en termes d’indépendance stratégique et de compétitivité. Le rapport du gouvernement le confirme : ils peuvent compter sur les énergies renouvelables. Cependant, les systèmes et les ressources doivent être modernisés pour en tirer pleinement parti. Il est désormais nécessaire de donner un sérieux coup de pouce à la modernisation du réseau, d’intégrer rapidement les solutions numériques et d’actualiser la gouvernance du réseau afin d’exploiter pleinement le potentiel des nouvelles technologies de stockage, de flexibilité et d’énergies renouvelables. Ce n’est pas le moment de se laisser faire. D’autres régions du monde suivent de près les solutions, les innovations et les enseignements tirés en Europe, alors qu’elles s’engagent dans leur propre démarche de décarbonation », a renchéri Vilislava Ivanova, Responsable de recherche sur l’économie propre, E3G.
« Dans son rapport, le gouvernement a pointé du doigt Red Eléctrica et les compagnies d’électricité pour la panne d’électricité du 28 avril. Ce rapport ne devrait pas modifier l’engagement du gouvernement ni du secteur en faveur des énergies renouvelables. Au contraire, l’analyse devrait servir à accélérer la transition énergétique et à adapter notre infrastructure de réseau. Autrement dit, il devrait promouvoir résolument le stockage hybride avec des centrales renouvelables et s’engager dans des technologies qui assurent la stabilité du système, comme la formation de réseaux », a déclaré Ismael Morales, Responsable de la politique climatique, Fundación Renovables.
« La panne d’électricité dans la péninsule ibérique n’est pas un échec des énergies renouvelables ; c’est un signal d’alarme pour accélérer la modernisation du réseau. À mesure que les énergies renouvelables se développent, la résilience du système doit croître avec elles. Cela implique une planification globale : de l’offre, des infrastructures, de la flexibilité et de la demande, et une collaboration multipartite solide dès le départ. C’est ainsi que nous bâtirons des sociétés fortes et sûres, alimentées par les énergies renouvelables », a conclu Rana Adib, directrice exécutive, REN21.
Lire le communiqué du gouvernement espagnol
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