Le photovoltaïque français est une filière compétitive, affirme la CRE
Pour la CRE, des projets d’installations photovoltaïques au sol de très grande taille, donc de plus de 10 MWc, affichent aujourd’hui des coûts proches ou inférieurs aux prix de marché de l’électricité de ces dernières années. Et, après avoir analysé l’ensemble des coûts d’investissements et d’exploitation des centrales solaires de grandes et moyennes surfaces installées en métropole* sur la base de projets issus des appels d’offres de 2017 et 2018, elle en conclut que la filière française est parfaitement compétitive et pourrait même faire encore mieux !
L’analyse de la CRE établit que, pour les grandes centrales au sol, les coûts des installations les plus compétitives sont aux environs de 48 euros/MWh (impôt forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) de 6 euros/MWh inclus), à comparer par exemple à des coûts de production entre 40 et 70 euros/MWh en Allemagne. L’analyse montre cependant les effets d’échelle : plus la taille d’une centrale est importante, plus elle sera rentable. La CRE recommande donc de faciliter l’émergence de projets de plus grande taille que 30 MW, une piste déjà évoquée dans son rapport de synthèse à la suite de la dernière période d’AO (voir notre article) afin d’atteindre des prix encore plus compétitifs et de permettre à certains projets de ne plus recourir aux mécanismes de soutien public, comme cela commence à se pratiquer dans des pays voisins (Allemagne, Espagne).
Fort ensoleillement au Sud, coûts réduits au Nord
Selon la CRE, le coût des investissements qui représente 80% des coûts de production, a baissé en moyenne de 32% en 3 ans, essentiellement grâce à la diminution du prix des modules solaires. Le rapport indique que « les coûts moyens d’investissement observés aujourd’hui se situent autour de 800 euros/kWc pour les installations au sol et autour de 1100 euros/kWc pour les installations sur bâtiments et ombrières de parking . Les projets les moins chers, au sol et de grande taille, avoisinent désormais les 600 euros/kWc ».
Au-delà des coûts d’investissement, la professionnalisation des acteurs de l’ensemble de la filière (exploitants, installateurs, développeurs, assureurs ou encore agrégateurs) a de plus, selon la CRE, fait émerger des solutions optimisées et une forte baisse des coûts d’exploitation. Ainsi, les frais de fonctionnement annuels moyens d’une installation photovoltaïque sont aujourd’hui passés sous la barre des 20 euros/kWc sur la plupart des segments, soit -27% en moyenne sur les trois dernières années.
La CRE a observé aussi, sur la dernière période des appels d’offres, des coûts de production moyens s’échelonnant entre 62 et 99 euros/MWh selon la taille et la typologie des installations. Elle a constaté des coûts de production d’environ 48 euros/MWh pour les 30% les plus compétitifs des projets au sol de grande taille dont la puissance limite a été récemment portée de 17 MWc à 30 MWc. Ces niveaux sont comparables aux coûts complets de production observés à l’étranger. En Allemagne, les niveaux présentés dans le rapport de mars 2018 de l’institut Fraunhofer ISE se situaient entre 40 et 70 euros/MWh pour le grand photovoltaïque. Aux Etats-Unis, le coût complet des grandes centrales au sol se situe aujourd’hui entre 35 et 40 euros/MWh4.
Enfin, le niveau de production d’une installation étant un facteur déterminant de sa rentabilité, nombre de développeurs préfèrent les régions les plus ensoleillées du sud de la France pour leurs projets. Dans les quatre grandes régions du sud, le productible moyen observé est en effet 17% plus élevé que sur le reste du territoire. Mais l’avantage de l’ensoleillement est atténué par le montant à dépenser pour la location des terrains ou encore les coûts de raccordements. Ces derniers varient globalement entre 50 et 279 euros/kWc selon le type et la taille de l’installation ainsi que son emplacement, en zone rurale ou pas. Mais elles varient aussi régionalement, par exemple entre 68 euros/kWc en Bourgogne, 79 euros/kWc en Alsace, ou encore 91 euros/kWc en Bretagne et dans les Hauts-de-France à 145 euros/kWc en Midi-Pyrénées. La valorisation du recours à des terrains dégradés pour des projets soumis à l’appel d’offres photovoltaïque au sol, avec un critère de notation, pourra aussi bénéficier aux régions du nord où il peut y avoir une plus importante concentration de friches industrielles. Du coup, les taux moyens de réussite constatés des projets sont homogènes sur l’ensemble du territoire.
*Au 30 septembre 2018, le parc photovoltaïque raccordé en France métropolitaine totalisait près de 8,4 GWc de puissance installée, après 6,8 GWc à fin 2016, pour une production de 10,2 TWh en un an (8,3 TWh fin 2016) soit plus de 2% de la consommation électrique française.
Pour consulter le rapport de la CRE, cliquer ici
VIDEO HUAWEI