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PPE : quid des énergies renouvelables ?

La nouvelle Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) attendue depuis cet été devrait finalement être dévoilée le 27 novembre prochain. En attendant, les jours passent avec leur lot de mauvaises nouvelles, notamment sur le possible recul du passage à 50% d’énergie nucléaire dans le bouquet énergétique, ce qui compromet les quotas de puissance ouverts aux énergies renouvelables, dont l’énergie solaire. Apparemment, selon le ministre François de Rugy*, trois scénarios sont aujourd’hui sur la table : tous prévoient de reculer la date du 50% nucléaire à 2035 voire 2040, soit un recul de 10 à 15 ans comparé à la loi de 2015. Pour les EnR, l’objectif semble devoir être fixé à 40% du bouquet énergétique … en 2030, 2032 ou 2034.

Mais que signifie 40% du bouquet énergétique ? Et, surtout, comment replacer ce pourcentage dans le cadre de l’annonce d’une « libération des énergies renouvelables » voire, par exemple, du programme « Place au Soleil » dévoilé en juin dernier (voir notre article) avec des propositions de volume solaire à installer en France faites par différentes grandes entreprises et grands de la distribution, par la ministre de la défense, par la SNCF ?

Rappelons que la puissance photovoltaïque installée en France se situe aujourd’hui à quelque 8,5 GW, soit en-dessous de l’objectif fixé. Voir notre article

Certains des scénarios à l’étude pour la PPE prévoient apparemment la fermeture de 6 à 12 réacteurs nucléaires, d’ici 2028 ou 2035 (rappelons que 71% de notre bouquet énergétique est de source nucléaire). Il s’agira forcément des plus anciens réacteurs, les moins puissants. Soit peut-être 10% de la puissance actuellement opérationnelle d’ici 2028. Et donc pas grand-chose pour les EnR

« Maintenir une stratégie nucléo-intensive, c’est maintenir la France dans un modèle énergétique du passé, alors que quasiment le monde entier fait le choix des énergies renouvelables, à plus ou moins haute dose. En outre, maintenir une cinquantaine de réacteurs nucléaires opérationnels jusqu’en 2035 ne laissera aux énergies renouvelables qu’une portion congrue de puissance à développer », nous a confié Xavier Daval, pd-g de KiloWattSol et consultant spécialisé dans le photovoltaïque, qui a également signé une tribune parue dans Le Monde ce 23 novembre** dans laquelle il pose notamment la question de l’avenir des sociétés françaises actives dans les EnR.

Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et les acteurs de la transition énergétique réunis en son sein « attendent que le Gouvernement définisse un scénario qui respecte les objectifs de la loi de transition énergétique et qui permette une montée en puissance rapide des énergies renouvelables dans le mix énergétique de notre pays. »

« Les volumes et les trajectoires qui seront fixés pour les énergies renouvelables pour les périodes 2019-2023 puis 2023-2028 détermineront l’activité et les perspectives futures des entreprises du secteur. La PPE doit avant tout s’attaquer de manière déterminée au secteur de la chaleur qui représente 50 % de la consommation d’énergie en France, soit autant que les secteurs de l’électricité et des transports réunis. La France accuse un retard important dans ce domaine. Afin de revenir sur une trajectoire qui nous permette d’atteindre les objectifs de la loi, il convient de doubler les volumes de chaleur renouvelable d’ici 2030. Parmi les différents leviers disponibles, la PPE doit notamment définir une trajectoire pour le Fonds Chaleur afin de donner de la visibilité aux industriels et aux collectivités qui sont amenés à renouveler leurs modes de production de chaleur. En matière d’électricité, la PPE doit faire appel à toutes les filières de production d’électricité renouvelable en doublant la capacité installée actuelle afin d’atteindre, à l’horizon 2030, 40 % d’énergie renouvelable dans la production électrique nationale », souligne le SER.

Le syndicat cite aussi RTE : « compte tenu de tous les enjeux concernant le parc thermique et nucléaire, le développement rapide des énergies renouvelables électriques n’importe pas seulement au titre de la diversification du mix électrique : il s’agit d’un impératif en matière de sécurité d’approvisionnement. » En particulier, pour l’éolien terrestre et le solaire photovoltaïque, RTE souligne qu’une accélération du rythme de développement par rapport au rythme de la PPE actuel permet d’augmenter les marges de manœuvre pour l’évolution du parc de production en France. Pour cela, RTE insiste sur la nécessité de poursuivre l’effort de développement des énergies renouvelables afin d’achever l’inflexion des trajectoires. Rte indique par ailleurs que « toute surperformance par rapport à ces trajectoires aura des répercussions positives sur la sécurité d’approvisionnement. »

« La future PPE est un moment de vérité pour la transition énergétique : elle doit nous permettre  d’atteindre les objectifs d’énergie renouvelable définis dans la loi. Tout scénario qui s’en écarterait serait incompréhensible étant donnée la compétitivité atteinte par les différentes filières renouvelables aujourd’hui. Au-delà des relais de croissance qu’elles représentent pour nos entreprises, le développement de nouvelles capacités de production renouvelable est également essentiel afin de poursuivre l’effort de décarbonation de notre mix énergétique tout en contribuant positivement à la sécurité d’approvisionnement », précise Jean-Louis Bal, président du SER.

*Interrogé sur France Inter mercredi 21 novembre après la publication d’un communiqué AFP sur le contenu des trois scénarios.

**« En maintenant le choix du tout-nucléaire, la France compromettrait définitivement ses chances dans les énergies renouvelables », pour lire cette tribune, cliquer ici

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