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SunEdison sous protection contre la faillite

SunEdison sous protection contre la faillite

La rumeur courait depuis un certain temps … SunEdison, leader dans le photovoltaïque aux Etats-Unis, a démarré une procédure de réorganisation sous la protection contre la faillite dite du chapitre 11, donc sous contrôle du tribunal de commerce. Les finances et le repositionnement de la firme sont sur la sellette. Un désengagement de certaines activités est aussi à l’ordre du jour.

Ses filiales yieldcos, TerraForm Power et TerraForm Global, indépendamment cotées en bourse, ne sont pas concernées par la procédure. TerraForm Power avait, pour sa part, joué un rôle de lanceur d’alerte sur la situation de SunEdison (voir notre article).

SunEdison a réussi à négocier auprès d’un consortium de créanciers des engagements de refinancement à hauteur de 300 millions de dollars (debtor-in-possession, ou DIP). Sous condition d’accord du tribunal de commerce, ce financement devrait lui permettre de continuer ses activités, à savoir payer ses salariés et ses fournisseurs, faire avancer les projets en cours de par le monde et éviter les disruptions dans ses partenariats … et effectuer les changements opérationnels nécessaires. Un site Web spécifique restructuration a été mis en place afin de fournir aux fournisseurs, aux clients et aux investisseurs des informations complémentaires régulièrement mises à jour.

L’activité SunEdison UK passe dans le giron d’Ecotricity

Parallèlement à l’annonce de SunEdison, la société britannique Ecotricity a pris sous son aile le programme de toitures PV dans le résidentiel au Royaume-Uni de la firme américaine, où elle avait déjà stoppé ses activités après avoir réalisé près de 1000 toitures PV dans le cadre d’un programme appelé Energy Saver Plan. Avec cette transaction, Ecotricity entre maintenant sur le marché britannique du résidentiel avec la conviction que l’autoconsommation sera un secteur en croissance, surtout depuis la baisse drastique des tarifs d’achat (voir notre article). La société est très présente dans les grands projets EnR, avec quelque 200000 clients de parcs solaires et éoliens. En 2014, elle a sauvé de la faillite Evance, une société dans le petit éolien, et aussi créé Britwind sur le même créneau.

Les sociétés de conseil – BNEF, GTM Research, IHS – ont commenté la situation de SunEdison en mettant l’accent plus ou moins unanimement sur l’acquisition manquée de Vivint Solar comme point de départ de la chute.

Commentaires des analystes

Pour Jenny Chase, responsable du secteur solaire chez Bloomberg New Energy Finance (BNEF), SunEdison a fini en procédure de sauvegarde après une folle période d’acquisitions pendant deux ans qui a coûté 3,1 milliards de dollars, porté sa dette à des niveaux ingérables et fait fuir les investisseurs. « La faillite de SunEdison en dit plus sur ses décisions stratégiques que sur l’industrie du solaire en tant que telle. Des sociétés comparables comme SunPower ou First Solar ont réussi à gérer leurs activités développement-vente de projets en faisant des bénéfices ces trois dernières années. Ce qui distingue SunEdison, c’est l’inlassable recherche d’une croissance tous azimuts qui a englouti des quantités de fonds levés à crédit. Toutes ses initiatives n’ont pas été couronnées de succès, mais son taux de réussite était, à l’évidence, insuffisant. L’argent emprunté est maintenant perdu ou immobilisé dans des projets à différentes stades de construction qu’il faudra vendre pour honorer les échéances de remboursement. » Pour BNEF, le carnet de commandes de SunEdison comprend aussi des actifs qui sont sans lien avec le maintien de ses activités et qui sont donc susceptibles d’être vendus. « Les investisseurs prendront toutefois leur temps pour évaluer ces projets et y regarderont à deux fois avant de tendre la main à la société. Certains projets, notamment en Inde où SunEdison a signé un contrat d’achat de l’électricité pour seulement 4,63 roupies/kWh (70 dollars/MWh) pourront difficilement aboutir à un bénéfice. D’ailleurs, nous assisterons peut-être maintenant à la fin de la course au record du moins disant dans les appels d’offres pour le PV », souligne Jenny Chase. Au-delà de l’affaire SunEdison, le retour en grâce des yieldcos pourrait être conditionné par des garanties de non affiliation directe de leur équipe managériale avec un développeur de projets, selon BNEF.

Pour Josefin Berg, analyste senior au sein d’IHS, le passage sous chapitre 11 permet de préparer le futur de SunEdison et offre à des investisseurs la possibilité d’acquérir des projets à un stade très avancé de développement. Concernant la firme, « les questions s’accumulent au sujet des actifs, du carnet de commandes et des partenariats dans le cadre de sociétés communes de par le monde. L’année 2016 sera nécessaire pour démêler l’écheveau structurel complexe de la société, fruit d’une expansion agressive. Nous estimons que SunEdison est propriétaire d’environ 0,7 GW de centrales photovoltaïques opérationnelles, hormis celles qui sont propriétaires de TerraForm. Le carnet de commandes compte au total près de 7 GW répartis aux États-Unis et en Asie. SunEdison a construit un volume substantiel de sites dans des pays émergents dans le photovoltaïque. IHS classe SunEdison à la 2e place des développeurs mondiaux du PV derrière Enel Green Power », souligne Josefin Berg, spécialisée dans la demande solaire. Pour Edurne Zoco, directeur des études et spécialiste de la chaîne d’approvisionnement dans le solaire chez IHS, la faillite de SunEdison devrait impacter ses fournisseurs directs et ses partenaires. [NDLR : le site PV-Tech a estimé les dettes de SunEdison auprès de ses fournisseurs à plus de 321 millions de dollars. Pour en savoir plus, cliquer ici] « Il n’y a pas d’acheteur visible aujourd’hui pour les actifs de production appartenant encore à la firme. Dans le cadre d’une restructuration déjà entamée, la firme a stoppé la production de silicium multicristallin dans son usine de Pasadena au Texas fin 2015 et signé un protocole d’accord avec le groupe chinois LONGi pour lui vendre son usine de tranches de silicium de Malaisie. La fermeture de l’usine texane et l’incertitude concernant la production de silicium multicristallin que SunEdison possède encore en Corée du Sud risquent toutefois d’augmenter les tensions sur l’offre et la demande au niveau mondial dans ce secteur cette année », précise-t-il. [NDLR : Selon le quotidien Houston Chronicle du 18 février 2016, SunEdison a décidé de fermer l’usine de Pasadema fin juin 2016 (après 28 années d’activités sous divers propriétaires) et met en cause la bataille commerciale entre les États-Unis et la Chine qui s’est vengé des taxes sur les importations de panneaux PV en imposant à son tour le silicium de fabrication américaine à hauteur de 53,6%. Pour en savoir plus, cliquer ici]

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