Esthétique : le photovoltaïque invisible, ça existe !

La société suisse Solaxess a installé 32 panneaux photovoltaïques blancs sur une façade (également blanche) d’un immeuble résidentiel à Boudry, près de Neuchâtel. Grâce à la technologie mise au point avec le CSEM, centre de recherche et de développement spécialisé notamment dans le photovoltaïque, qui permet d’intégrer un film filtrant à la surface des modules lors de la fabrication, la couleur de l’ensemble est totalement uniforme et le tout fonctionne à satisfaction depuis plusieurs mois.

Pour la société, le projet consistait à « marier » quelques dizaines de m2 de panneaux solaires avec le reste de la façade réalisée en crépis. La production d’électricité des 32 modules d’une puissance de 100 Wc chacun, soit 3?2 kWc pour l’installation, est attendue autour de 2900 kWh par an. Elle sert à alimenter la pompe à chaleur et les besoins en électricité des locaux communs.

L’avenir du BIPV ?

Fondée en janvier 2015 par deux neuchâtelois, Sébastien Eberhard et Olivier Gavillet, la société Solaxess s’était fixé pour objectif de relever le défi de l’esthétique de la façade combinée à la production d’énergie, et de répondre aux exigences des architectes, maîtres d’ouvrage et fabricants de panneaux solaires, soit, en clair, de fournir du photovoltaïque totalement intégré au bâtiment. Pour cela, elle exploite trois brevets développés par le centre de recherche et de développement spécialisé notamment dans la microélectronique, la gestion de l’énergie et le photovoltaïque CSEM, afin d’industrialiser et de commercialiser un film nanotechnologique qui, une fois laminé à la surface d’un module solaire, permet de transformer l’aspect dudit module en termes de couleur (blanc ou coloré). La grande nouveauté est la couleur blanche (contrairement à la plupart des modules solaires avec leur aspect bleu ou noir), longtemps considérée comme physiquement impossible à prendre en compte pour la production d’énergie solaire. Selon la brochure de la société, les performances typiques obtenues s’affichent à 106 W/m2 pour le module blanc à 121 W/m2 pour le gris-clair (contre 170 W/m2 en noir).

Le principe repose sur deux éléments : d’une part, une cellule solaire spécialement sensible à la lumière infrarouge, laquelle est convertie en électricité au moyen d’un filtre de diffusion et, d’autre part, un film nanotechnologique qui laisse passer la lumière infrarouge et réfléchit la totalité de la partie visible du spectre solaire, ce qui donne au module la couleur blanche. Avec cette technique, une partie importante des rayons infrarouges est transmise à la cellule solaire. Cette dernière peut fournir une quantité importante de courant si l’on compare l’étendue du rayonnement infrarouge et proche infra-rouge (700-1200 nm) avec le rayonnement visible (400-700 nm). La fabrication de modules de n’importe quelle nuance de couleur serait ainsi possible à partir de modules solaires standard en silicium cristallin, en laminant un film adapté en termes de filtrage du spectre solaire à leur surface.

Deux années de coopération avec deux groupes industriels européens lui ont permis de passer à l’industrialisation. Solaxess est désormais capable de proposer 3 coloris différents permettant une intégration parfaite d’un panneau PV en façade : le blanc, le gris-clair et le beige. D’autres couleurs de base sont en développement voire disponibles sur demande si les quantités sont suffisantes. Selon la société, toutes les couleurs RAL ou NCS seraient réalisables. Solaxess estime que n’importe quelle technologie photovoltaïque à base de silicium cristallin peut être utilisée pour fabriquer des modules solaires blancs, mais a axé son approche sur des cellules solaires en technologie à hétérojonction ou des cellules solaires PERC pour le haut rendement.

Solaxess a son siège à Neuchâtel, est déjà active au niveau mondial et vient d’obtenir le prix Inventer demain 2018 dans le cadre d’un concours de l’innovation organisé par la RTS, en partenariat avec Bilan, France3, CornerCard et la CCI Rhône-Alpes-Auvergne.